Interview : Rencontre avec Johnny Borrell, chanteur de Razorlight !

J’ai eu la chance de rencontrer Johnny Borrell, chanteur de Razorlight, lors de son passage à Rock the House Festival à Tours, samedi dernier. Un moment inoubliable où j’ai eu le privilège d’échanger avec lui sur ses émotions par rapport à son retour sur scène, avec le groupe Razorlight, et à son attachement à la France.

Johnny, hier soir vous avez donné un concert au “Café de la Danse” à Paris. Alors c’était comment ?
Je suis ravi de ce retour sur scène et de retrouver ce public enthousiaste. C’était vraiment chouette de revenir en France avec le groupe Razorlight. Le public français est formidable, c’était un vrai plaisir. Je suis plus que satisfait, je suis très content

C’est pour cela que tu as vécu en France quelques années ?
J’ai vécu en France à Paris, j’y étais à l’école pendant 2 ans, j’avais entre 11 et 13 ans. Je suis très souvent à Paris et j’ai également une maison dans le sud-ouest. Je suis né à Londres, je suis Londonien, j’ai beaucoup de racines là-bas, j’y ai mon studio et mes musiciens. Mais pour vivre j’aime être ici, en France. Et j’ai toujours ce sentiment de découvrir la musique en France. J’aime beaucoup aller voir les concerts, ici. J’adore la France. J’ai un bel attachement musical avec ce pays.

Est-ce qu’il y a des artistes français que tu aimes écouter ?
Je suis un grand fan des classiques français d’époque, comme Gainsbourg. J’ai beaucoup étudié ses chansons quand j’étais plus jeune. Et aussi pendant la période où j’ai commencé Razorlight, j’avais beaucoup d’amis français qui jouaient dans des groupes Rock/Indie Rock à Paris, et c’est pour moi un bon souvenir musical de la France.

Ce soir vous êtes à Tours, connais-tu cette ville et notre région ? As-tu eu l’occasion de venir ici par le passé ?
Je connais un peu la région. J’ai un ami, un artiste-peintre dont les œuvres s’inspirent de Caravaggio, qui habite dans un tout petit village à l’ouest de Tours, à une demi-heure environ. Mais je n’ai pas la chance de connaître Tours, et pourtant je traverse souvent cette ville quand j’emprunte l’A10 de Paris pour aller jusque dans le sud. Donc ce soir, je suis très heureux d’être ici, et demain je vais prendre le temps de me balader un peu et d’explorer cette ville.

Penses-tu que vous allez revenir par ici lorsque votre prochain album sera sorti ?
Oui bien sûr, je l’espère. On était déjà très heureux d’être invité à jouer ce soir. Nous sommes en train de préparer le nouvel album, et une fois qu’il sera sorti, je souhaite fortement aller faire une belle tournée dans toute la France. Je suis très européen et j’adore me retrouver dans les villes d’Europe. Cela fait tellement longtemps, depuis la sortie du dernier album de Razorlight, que nous n’avons pas eu l’occasion de faire une tournée. Alors je suis très curieux de voir ce que cela va donner.

D’ailleurs on est tous curieux de ce prochain album, avez-vous une date de sortie ?
Alors pour ma part, j’aimerais qu’il sorte avant l’été 2018, après on croise les doigts.

J’ai lu que ce nouvel album devrait contenir 11 nouvelles chansons, y’en a-t-il une que tu préfères ?
Pour le moment il y’a beaucoup de chansons qui sont à peu près terminées, mais d’autres qui sont encore au début de leur création. C’est peut-être encore un peu tôt pour répondre je pense. Il faut que j’attende de voir l’album dans sa globalité pour me faire une idée, et voir si il y en a une que je préfère aux autres. Donc à voir. En tout cas c’est un grand plaisir de rejouer avec Razorlight. Ces derniers temps j’étais sur d’autres projets, et là j’avais besoin de faire une pause pendant un peu de temps, de ne pas jouer de Rock jusqu’à ce que l’envie me revienne. C’était donc, vraiment le bon moment pour un retour avec Razorlight.

C’est toi qui écris les chansons de Razorlight ?
Oui, toujours. Normalement avec un album de Razorlight, je compose 70 à 75%. Razorlight, ce n’est pas que moi, c’est beaucoup plus que moi, je fais les ¾, mais le plus important c’est le quart restant qui apporte ce plus au résultat final.

Comment tu te mets à écrire ? Qu’est-ce qui te vient à l’idée lors de la création d’une chanson ?
Le réalisateur italien Federico Fellini disait que tout ce qu’il fait c’est parler avec ses films. C’est une belle description de la manière dont je vois les choses. Moi, dans mes chansons, je parle, comme si je parlais à l’oreille d’un ami. Je raconte une histoire, mon histoire. Mais parfois j’essaye d’écrire sur des sujets qui ne m’appartiennent pas, c’est différent. Par exemple, j’ai écrit une chanson sur ce qui se passait en Catalogne. J’ai énormément d’amis basques et catalans, et quand j’ai lu le twitte d’une amie qui était présente lors des manifestations, j’étais choqué par la violence de l’État. Du coup j’ai composé ce titre qui n’est pas encore sorti mais qu’on va essayer d’enregistrer également. Mais bon avec Razorlight, en général, il s’agit de mes histoires personnelles.

Tu as écrit “America” et également d’autres titres sur les Etats-Unis. Quelle connexion as-tu avec ce pays, alors que tu dis être plus Européen ?
Le 1er album de Razorlight, c’est Londres. Chaque chanson parle de cette ville, avec beaucoup de références londoniennes. Après la sortie de cet album, nous avons fait des tournées, on est passé dans beaucoup de pays du monde entier, notamment aux États-Unis. Et le 2ème album, avec “America” et “Los Angeles Waltz”, montre ma déception sur ce pays. C’était une époque qui comparée à aujourd’hui, avec l’arrivée de Donald Trump, nous semble meilleure, mais il ne faut pas oublier qu’à ce moment-là il y avait Georges W. Bush au pouvoir et un gouvernement qui acceptait les actes de torture. Et j’ai été offensé par l’annonce de cette possibilité. J’ai également été choqué par le racisme dans ce pays. Malgré le fait que nous avons fait une grande tournée aux États-Unis et que j’ai eu l’occasion de rencontrer des “grandes” personnes, mon plus grand ressenti, c’est l’aliénation des valeurs dans ce pays.

Et que penses-tu de la France ?
Par rapport à l’Angleterre, je trouve qu’il y a des bonnes qualités dans ces deux pays. Je trouve dommage le Brexit, j’aime bien l’idée que la France reste dans l’Europe, j’apprécie ça.

Bon, le concert commence dans 20 minutes, es-tu prêt à donner le show à Tours ?
Oui je suis très content de revenir avec Razorlight, de voyager à nouveau et de chanter dans des villes comme celle-ci. J’ai hâte de monter sur scène.

© Parwine AZIZ / Propos recueillis à Tours le 11/11/2017 à 22h30